Interview Lucas Debarre - GAEC Chemin Vert

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Interview de Lucas Debarre, éleveur de bovins. À travers son témoignage, il partage son parcours, l'amour de son travail mais aussi ses difficultés… Son métier, alliant tradition et innovation, met en valeur son attachement à la qualité et au bien-être animal, essentiels dans sa pratique.

Interview GAEC LE CHEMIN VERT - Lucas Debarre

Boissinot Élevage : Présentez-nous en quelques mots le GAEC LE CHEMIN VERT ?

Lucas : Nous sommes trois associés, basés dans le Nord Deux-Sèvres. Mon père avait repris l’exploitation de mes grands-parents. Aujourd’hui, je suis associé avec mon frère Quentin et ma mère Catherine. Notre père est à la retraite depuis quatre ans. J’ai pris sa suite et je suis vraiment installé depuis un an (à 28 ans). Quentin et ma mère s'occupent de la partie volaille, tandis que je gère la culture et les bovins. Nous nous entraidons tous en période de forte demande en main-d'œuvre.

B.E : Quelle race de bovins ?

L : Nous élevons des Limousines pure race. Nous réalisons environ une quarantaine de vêlages par an. L’objectif est d’atteindre 60 vêlages d’ici deux ans grâce à la construction du nouveau bâtiment.

B.E : Des animaux répartis dans combien de bâtiments ?

L : Nous avions deux stabulations sur un site mais nous ne pouvions pas mettre tous nos animaux à l’abri. Avec les hivers pluvieux que nous avons connus, nous avons dû louer des stabulations ici et là… C’était compliqué. C’est pourquoi nous avons décidé de construire un grand bâtiment pour regrouper tous nos animaux sur le même site.

Nous travaillons avec des acteurs locaux

B.E : Avec qui travaillez-vous pour ce projet ?

L : Nous travaillons avec des acteurs locaux. Pour toute la plomberie, l’éclairage, les caméras, le tubulaire, les cornadis, les barrières, les abreuvoirs et tous les équipements, nous faisons appel à Boissinot Élevage car c’est à proximité, facile et rapide. Quant à la structure, la charpente et la maçonnerie, ce sont également des artisans locaux.
Pour notre construction, nous avons d’abord collaboré avec Fredy (technico-commercial chez Boissinot Élevage) pour l’étude du projet et la réalisation des devis, puis avec Manu (directeur de la production chez Boissinot Élevage) pour le suivi des travaux et du chantier. Des équipes toujours réactives.

B.E : Quel est votre parcours ? Études…

L : J’ai fait des études agricoles. Je m’étais toujours dit que je partirais après mes études. Du coup, après mon BTS à l’ESA d’Angers et une licence en management des organismes agricoles à Brest, je suis parti six mois à l’étranger et suis revenu juste avant le Covid. J’ai travaillé pendant 1 an et demi dans le porc à l’extérieur de notre ferme. Ça m’a plu. À mon intégration dans le GAEC, mon père m’a appris beaucoup de choses (cultures, atelier, vaches…). 

Vu la superficie de nos prairies, ce sont les vaches qui valorisent le mieux nos terres

B.E : Et pourquoi pas de porc au GAEC LE CHEMIN VERT ?

L : Nous nous étions posé la question. Vu la superficie de nos prairies, ce sont les vaches qui valorisent le mieux nos terres, et à la base, nous avions tous les outils pour l’élevage bovin. Finalement, nous n’avons aucun regret. Après avoir développés la partie avicole, nous développons maintenant la partie bovine, afin d’offrir plus de confort à nos animaux et à nous-mêmes, dans nos tâches quotidiennes.

Certaines années, nous subissons des pertes importantes

B.E : Vous vous occupez aussi de la partie culture au sein du GAEC ?

L : Oui avec mon frère. Nous sommes 100% autonome, nous n'achetons rien à l’extérieur. Nous produisons les fourrages, la paille, l'aliment, tout ce qu’il faut pour nos bovins. Nous essayons d’établir une rotation de cultures, en s'adaptant à la météo.  Nous mettons en place un plan de cultures, avec une rotation bien définie pour certaines cultures, en prenant en compte des intérêts agronomiques et techniques. Cependant, en raison de la météo, certaines années, nous subissons des pertes importantes. Malgré les aides et les assurances (qui sont coûteuses), notre projet à moyen terme est de mieux stocker et valoriser nos cultures. Pourquoi ne pas développer un peu l’irrigation et revoir la partie technique de gestion des terrains ?

B.E : Et la vente en direct ?

L : Non, on n’a jamais été sur ce créneau… Il y a déjà pas mal de monde sur ce type de vente autour de chez nous. On n’a pas envie de se charger d’un travail supplémentaire le week-end. On laisse la place aux autres qui eux savent faire ! C’est un autre aspect du métier, c’est aussi un autre investissement.

B.E : Est-ce que vous avez des idées de nouveaux équipements ?

L : Nous sommes toujours dans les projets concernant l’alimentation et le paillage pour nos bovins. Mais aujourd’hui, nous sommes déjà assez bien équipés. Nous essayons d’investir dans l’automatisation et nous avons déjà quelques équipements. Il faut investir mais pas nécessairement à 60 ans.

 En GAEC, on s’organise et on s'adapte

B.E : Et votre organisation personnelle ?

L : C’est l’avantage de ne pas vivre sur place. On peut plus facilement couper. En GAEC, on s’organise et on s'adapte. Nous avons de grosses journées avec des pics de travail, surtout pendant la période de vêlage ou lors des travaux aux champs, mais nous bénéficions aussi d'une grande liberté dans notre organisation. Le travail avec les bovins, c’est principalement de la surveillance intensive.

Avec tous les départs en retraite, il y a actuellement de belles opportunités

B.E : Un conseil pour les futurs repreneurs ou les jeunes qui s’installent ?

L : Avec tous les départs en retraite, il y a actuellement de belles opportunités. C’est un avantage de commencer avec des bâtiments et une production déjà en place, mais il faut aussi, et surtout, avoir des projets, sinon on s’éteint rapidement. Il est important de renouveler l’équipement pour éviter les grosses pannes et gagner du temps dans le travail quotidien. Faire évoluer son entreprise, c’est essentiel. Se lancer dans une création, c’est un projet qui fait rêver tout le monde, donc si vous avez la trésorerie, foncez. Avant de s’installer, il est crucial de prendre le maximum d’expérience dans différents types d’élevage (même au-delà des stages ou de l’apprentissage pendant vos études). Chacun a sa façon de travailler, alors il faut prendre les bonnes idées à droite et à gauche. C’est vraiment bénéfique !